Page:Côté - Papineau, son influence sur la pensée canadienne, 1924.djvu/132

Cette page a été validée par deux contributeurs.
117
L’Institut Canadien


CHAPITRE XI.

L’INSTITUT CANADIEN.


Écrire sur la littérature canadienne et ne pas parler de l’Institut canadien, c’est une omission, qu’avec tout notre bon vouloir, nous ne pouvons qualifier d’involontaire. Ce serait même un crime de lèse-patriotisme, si ceux qui l’ont commis n’avaient le privilège de se réfugier dans l’asile inviolable de leur bonne intention, pour se dérober à l’accusation d’avoir manqué à la probité morale. Si nos chroniqueurs ignoraient l’existence de cette société de beaux esprits qui exerça une influence prépondérante sur la politique et les lettres, durant la seconde moitié du dix-neuvième siècle, ces scribes peu renseignés ne méritent pas d’être pris au sérieux ; s’ils la connaissaient, rien ne justifie ce silence coupable, d’un nihilisme audacieux, qui tend à rayer de nos annales les noms des personnages les plus marquants de l’époque.

L’Institut était fréquenté par Étienne Parent, Gérin-Lajoie, Doutre, Laflamme, Dessaulles, Lusignant, Morin, Tellier, Blanchet, Dorion, Lanctot, Lafleur, Buies, Laurier, pour n’en nommer que quelques-uns. C’est dans ce cénacle, que Papineau prêcha son évangile de libération morale, après l’échec de la révolution. C’est là que ses disciples reçurent avec les langues de feu les dons précieux de l’esprit, l’enthousiasme, la foi, le courage de confesser leurs principes libertaires. On venait de partout pour entendre parler Papineau qui avait miraculeusement triomphé de la potence, croix d’abjection à laquelle ses ennemis voulaient l’attacher. Les liens avaient