Ours Allemands, loups-garous Écossais,
Et quel langage ! Au mot le plus honnête,
On répond par god dam suivi d’un dur you.
Si je m’en fâche, on me taxe de bête,
Et si j’en ris, on me traite de fou.
Avant de voir ces provinces stériles,
J’ai vu Montréal et Québec :
Mais, ô douleur ! ô désirs inutiles !
De tels morceaux ne sont pas pour mon bec.
Là quand on jure, on se damne soi-même
Et dans damner, sans maudire autrui,
Sans ajouter l’insolence au blasphème.
Des étrangers on est au moins l’appui.
Me voilà donc à tous les maux en proie :
Oui, mon pays seul est charmant,
Quand on le sent trembler, c’est qu’il tremble de joie,
C’est qu’il est fertile en riant.
Voyez ici ces femmes et ces filles
Qui dans leurs jolis bras portent des loups vivants ;
Malgré leurs figures gentilles,
Sur leur tête, je vois des renards menaçants :
Hélas ! on m’habille comme elles,
Et pour me mettre à leur façon
Je suis, grâce aux modes nouvelles,
Chat par la tête et par les mains ourson.
Et peut-on voir des manières plus sottes :
On met ici le feu en des coffres de fer,
Sur lesquels j’ai brûlé mes gants et mes culottes.
Enfin voilà ce qu’on appelle hiver.
Oui, dans sa sagesse profonde,
Ma bonne mère avait raison
De dire que bientôt j’irais dans l’autre monde,
Pour n’avoir pas suivi sa prudente leçon.
M. Mermet écrivait ce qui suit à M. Charles Pasteur, imprimeur au Spectateur à Montréal, en 1813 :