Page:Côté - La Terre ancestrale, 1933.djvu/97

Cette page a été validée par deux contributeurs.
97
la terre ancestrale

— Je marche comme bon me semble. Je suis maître de moi, je pense.

— Tu fais le fier.

— Des fois, affirma Hubert.

Voyant que Rioux avait le rouge à la figure, l’autre jugea prudent d’éclipser sa personne.

Il était un peu difficile pour le jeune homme de se présenter dans un milieu approprié à son éducation, car le métier de manœuvre l’obligeait à la fréquentation des ouvriers. Pourtant, dans sa paroisse, il était reçu chez les gens de la meilleure société. Il ne faut pas dire que les ouvriers de Québec sont tous des rustauds. Au contraire, la plupart sont d’honnêtes gens, sortant de familles honorables et qui, s’ils n’ont pas le vernis des personnes raffinées, n’en sont pas moins de bonnes mœurs et de commerce agréable. Cependant, quitter ses anciens compagnons pour un foyer où l’on s’amuse en famille, ne pouvait se faire d’emblée. Ses vieux camarades n’étaient pas des bandits, loin de là ; ils n’étaient que de gais lurons à la soif ardente et prisant un peu trop la force musculaire. Peut-être comptaient-ils, parmi leurs ancêtres, de ces anciens guerriers ayant toujours l’épée au poing. Pour eux, s’ils n’avaient plus l’épée, il leur restait le poing, et il fallait voir s’ils aimaient à le lever. À part cela, honnêtes garçons et