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la terre ancestrale

pas volé. Il y a belle lurette que je m’y attends et te le souhaite. Et tu voudrais maintenant que je paie pour tes saletés ? Merci bien, sans cœur !

— Écoutez, madame Rudineau : je vous ai toujours bien payé ma pension, je ferai de même ; à ma prochaine paye, je vous rendrai cela.

— Je vais t’aider pour une fois, gibier de potence ! Si cela t’arrive encore, je vais en personne apprendre au juge que tu es le plus sale renégat de la ville ; je lui demandrai de te condamner à six mois. Maintenant, écoute un peu, crapule ! Tu vas te rendre immédiatement à la maison et me signer un papier afin que je puisse retirer ton premier salaire.

Malheureux jeune homme ! toi si digne et si fier, jadis, avaler les pires injures d’une mégère qui, après tout, possède un meilleur cœur que tes prétendus amis. Si ton vieux père était témoin d’une telle avanie, lui qui n’a jamais reçu la moindre offense.

Au sortir du palais de justice, le jeune homme paraissait être un malfaiteur qui se cache. Il regardait à droite et à gauche, voulant s’assurer que personne de sa connaissance ne le voyait. Il se croyait reluqué par tous les passants, s’imaginant avoir sa sentence écrite dans le dos. Dans la Côte du Palais, il se sentit un peu plus rassuré.