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la terre ancestrale

son enfant préférée, qui éparpillait du grain aux volailles tout près de la maison. Oh Adèle ! la véritable fille de sa race, celle qui partageait ses idées, sa ferveur pour la grande enchanteresse, celle qui eût tout donné : son bonheur, sa vie, pour le domaine des aïeux. Malgré la forte instruction qu’elle avait reçue, elle s’acquittait de toutes les rudes besognes comme une rustique terrienne. Dans la tenue de la maison, elle conciliait les nouvelles méthodes avec les anciennes. Elle étudiait même, avec son père, les plus récents procédés de culture. Malgré tout cela, elle trouvait encore du temps pour la lecture et l’étude. « Oui, se disait l’heureux père, quel joli et solide brin de fille que mon Adèle ! »

Puis sa pensée se porta vers ses autres enfants : Louis, l’aîné, bien établi au deuxième rang de la paroisse ; Élise, sa première fille, mariée à un brave et riche cultivateur ; à côté de lui, Hubert son cadet, solide et actif gaillard.

Jean Rioux, dans sa rêverie, se sentait heureux. Mais il éprouva encore plus de contentement quand il vit Jeanne Michaud saluer gaiement son fils. Le bonjour lui appartenait aussi, mais le vieux matois savait bien à qui s’adressait le sourire. Il estimait bien la fille de Pierre Michaud, son voisin. « Une fille de chez nous, celle-là, se disait-il : après Adèle, il n’y a pas mieux. Quelle charmante femme pour Hubert ! »