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la terre ancestrale

comme une éponge. Les têtes s’échauffaient de plus en plus, les nerfs se surexcitaient. Soudain, d’une table voisine, un client, cherchant noise à quelqu’un, avisa un compagnon de Rioux et hurla :

— Qu’as-tu à me regarder, toi, est-ce que je te dois quelque chose ?

— Dans ton coin, dégoûtant ! rétorqua l’insulté.

Mais il n’avait pas fini de répondre que l’autre s’était levé et le frappait à la figure. Toute la salle était debout ; les deux groupes, maintenant ennemis, en venaient aux prises. Les commis voulaient rétablir l’ordre ; les partisans encourageaient leurs amis respectifs :

— Donne-lui ça !

— Cogne dur !

— Tu l’as, oh ! oh ! tape, tape !

— Pas avec des bouteilles !

— Homme à homme, pas deux sur le même !

Les adversaires se battaient en hurlant ; à leur ardeur, on eût dit qu’ils défendaient la plus noble des causes. Une couple gisaient déjà sur le plancher, quand les gendarmes arrivèrent. Ce fut un sauve qui peut général. Mais Hubert et quelques autres furent conduits au poste de police ; on les écroua dans une cellule.

— Le lendemain, avant le jour, notre héros s’éveilla.