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la terre ancestrale

pas perdu ici.

— Il n’y a rien de bien nouveau par là, continua Delphis.

— Personne de mort de faim, alors.

— Le nouveau est encore plus rare l’hiver que durant l’été.

— Oui, car tu n’y vas que l’été et c’est du nouveau que de manger à ta satisfaction. Tu te fais des forces pour plusieurs mois, prononça ironiquement Rioux.

— Tu m’assommes à la fin avec tes histoires de mangeaille. Pourquoi n’y es-tu pas resté chez vous, pourquoi n’y retournes-tu pas ?

— Écoute, Delphis ! tu ne me feras pas croire qu’il faille nécessairement crever de faim dans la ville. Laisse-moi la connaître, me gagner quelques sous et je trouverai bien le moyen de me loger convenablement.

— Je te plains, mon vieil Hubert ! Avec de telles idées, tu n’auras jamais un maigre sou dans ton gousset pour tes plaisirs. Tu vivras comme un ermite. L’amusement des autres sera ta seule distraction.

— Alors, à ton avis, il n’y a que deux alternatives, constata Hubert : mourir de faim en s’amusant, ou d’ennui le ventre plein. Pourtant, les gens que je rencontre me paraissent vivre ; à moins qu’ils ne soient tous que des reve-