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la terre ancestrale

— En hiver, c’est souvent plus froid, mais jamais plus chaud.

— Ça ne doit pas être facile de dormir ?

— On n’a qu’à se coucher saoul, on ne s’aperçoit pas de la température. Moi, j’aime mieux coucher ici en hiver qu’en été : au moins les punaises sont gelées.

— Comment ! il y a des punaises ?

— Plein les murs. Mais ça ne fait rien ; on s’habitue et puis, on se couche presque toujours gonflé de bière.

Ça les chasse ça ?

— Non, mais on ne les sent pas.

— J’ai vu tantôt un rat qui voulait emporter une bottine.

— « Cré gieux » ! j’ai encore oublié de suspendre mes chaussures au plafond. On dirait que ces bêtes crèvent de faim ; elles m’ont déjà massacré deux paires de bottes.

— Pourquoi ne les détruit-on pas ?

— C’est inutile d’essayer, il y en a trop.

— Le diable doit être dans la cuisine avec de pareils animaux.

— Bah ! quand c’est cuit on ne s’en aperçoit pas.

— Hein ? quoi ? vous ne dites pas qu’on les fait cuire ?

— Je ne pourrais pas assurer ; je veux seulement parler de ce qu’ils peuvent faire dans les armoires.