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fèves, mais puisqu’on ne lui en offrait pas, il fallait s’en passer. Il regrettait bien assez son malheureux lait. « Du pouding ou du sirop ? ». Les deux auraient fait, à son idée, de charmants compagnons ; cependant, il fallait, paraît-il, laisser l’un et prendre l’autre. Or ce dessert, à cause des croûtes qu’il voyait éparses sur la table, lui inspirait une médiocre fringale. Il choisit donc le sirop d’érable, un mets de chez lui et dont il se promettait des délices.

Hélas ! le produit qu’on apporta ne ressemblait à l’original que par la couleur… et encore… Comme on ne lui offrait plus rien, il se leva de table plus affamé qu’en s’y plaçant.

— Heureusement, se dit-il, qu’on ne travaille pas fort ici. S’il me fallait tenir les mancherons de la charrue, toute une journée, avec ce lest dans le corps, j’aurais l’estomac joliment dégonflé vers le soir ; je devrais m’attacher les jambes pour avoir la force de les tenir au tronc.

En sortant de la salle à manger, il rencontra deux pensionnaires qui arrivaient complètement saouls. L’un d’eux, en titubant, le heurta et faillit le renverser.

— Excusez-moi, dit Hubert, je ne vous avais pas vu.

— Pas vu ! on regarde où on met les pieds et on n’assomme pas le monde.

Il fuma une couple de pipes avec son ami, laissa à la