Page:Côté - La Terre ancestrale, 1933.djvu/57

Cette page a été validée par deux contributeurs.
57
la terre ancestrale

voix humaine : ici, le ton interrogeait ; là, c’était une imploration ; d’autres fois il insinuait paraissant dire : « Oui, vous me choisirez, il n’y a pas de doute. » Au moindre signe, un des hommes se croyant appelé ou feignant de l’être, bondissait des rangs et se précipitait vers un des passagers, empoignait ses bagages. Un policier, bâton au poing, en les gourmandant, les retenait à grand’peine.

Hubert, pris de force, ne se résigna pas du premier coup.

— Pouvez-vous me dire où se trouve située la pension de Delphis Morin ?

— Delphis Morin ?… connais pas de Delphis Morin qui tienne une pension.

— Non, il n’en tient pas une, mais il pensionne là.

Le cocher, voyant qu’il parlait à un campagnard, prit un air important :

— C’est une grande ville ici ; on connaît bien du monde, mais pas tous. Savez-vous la rue ?

Le jeune homme, sortant alors une lettre de sa poche, le cocher s’en empara comme si son client n’avait pas su lire.

— Montrez-moi ça… ; ah, rue St-Paul. C’est un bon bout de chemin, mais je vais vous conduire quand même. Embarquez. Avez-vous une malle ?… Quand