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la terre ancestrale

Tu aimes cela toi ?

— Je ne vois rien de ce que tu nommes : tout est propre, beau et grand.

— Alors, je ne puis compter sur ta parole ?

— Quand je te l’ai donnée, tu devais vivre ici. Maintenant, je ne puis te dire ni oui, ni non. J’aime mieux ne te revoir que quand tu reviendras ici pour toujours.

— C’est bon Jeanne ! Quand je reviendrai ici riche et en bourgeois ; quand alors je te demanderai de me suivre, peut-être seras-tu heureuse de dire « Oui ».

— Ne pars pas Hubert ! Ne pars pas !

— Jeanne, place ta confiance en moi : je viendrai te chercher pour te rendre heureuse.

— Bonsoir, Hubert !

— Au revoir, Jeanne !

La jeune fille entra chez elle, le cœur gros de chagrin ; elle dut vaquer quand même aux apprêts du souper. Ce ne fut qu’à la nuit, seule dans sa chambre, qu’elle pût sangloter tout bas. Tous ses rêves de jeune fille s’échappaient et sans espoir de retour.

Quelques jours plus tard, Hubert partait pour Québec. Jean Rioux, tenu par sa femme au courant des projets de son fils, s’était, ce matin-là levé bien tôt ; avant même que les autres membres de la famille ne fussent debout, il était