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la terre ancestrale

I

Le vieux suit l’aïeul


— Oui mon garçon, regarde ces champs ; jette un coup d’œil sur ce blé qui mûrit : c’est de l’or cela, et plus agréable à la vue que l’autre. Ce que ta mère en fera du bon pain de ce blé-là ! Ah la terre ! la bonne terre du vieux père, ton grand père, et de l’autre et de l’autre encore ! Sens-tu l’odeur qui monte jusqu’ici ? Quand je pense aux freluquets qui achètent du parfum en bouteille ; pouah ! j’aime mieux emplir mes poches du terreau de mes champs : il ne brûle pas les narines, mais nous cause un tressaillement par tout le corps. Tiens, mon garçon : tous les gars qui ont laissé la paroisse pour aller se galvauder à la ville, eh bien, je te dis moi, que si un bon jour on leur mettait sous le nez une poignée du sol de chez eux, ils reviendraient comme des abeilles sur une flaque de sirop ; ou bien, le diable a les pinces solides. Ohé Tom ! envoie en haut, on arrive. Ton plat d’avoine, tu vas l’avoir et avec un comble. C’est une belle et bonne bête ça, mon garçon ; examine ces reins solides, ces oreilles fines, et les coups de jarret qu’elle donne. Éloi vante ses chevaux ; qu’il vienne donc les colleter avec Tom sur une charge ! C’est vrai