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la terre ancestrale

lieu d’être les maîtres du sol sur lequel ils auraient dû pousser. Par ta faute encore leur conscience sera peut-être viciée au lieu de s’épurer toujours devant la belle nature créée par Dieu et dont la vue nous rapproche de lui.

Toi-même, tu sentiras, j’en suis positif, l’erreur que tu auras commise, mais alors, tu ne pourras peut-être plus la réparer. Après t’être abreuvé des plaisirs réservés à la jeunesse, tu traîneras une triste vie avec, devant les yeux, la laideur, et en toi-même, la resplendissante vision de ta vieille paroisse. Tu la regretteras la vie paisible jadis dédaignée. Avant même de vieillir, tu verras le contraste, et ton boulet en sera d’autant plus lourd à traîner.

— Monsieur le curé, je trouve que vous me faites un tableau un peu sombre. Après tout, il y a de la religion à Québec où je veux aller ; il y a des églises, la population est presque toute canadienne-française. Vous avez toujours vécu à la campagne, vous, monsieur le curé ; vous vous figurez, j’en suis certain, pire qu’elle ne l’est en réalité, la vie que l’on mène par là.

— Oui, mon fils, Québec est peut-être la ville du monde où la morale est la meilleure, et justement, parce qu’elle est peuplée par des gens sortis depuis peu de nos bonnes paroisses rurales. Malgré cela, que de vies intactes elle a corrompues. Non, je n’ai jamais demeuré