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la terre ancestrale

monsieur le curé, mais malgré tous ces avantages, Hubert veut s’en aller demeurer à la ville ; il veut abandonner la terre sur laquelle j’ai tant travaillé, la terre qui bientôt ne pourra posséder d’autre maître que lui.

— Comment ! toi, Hubert, mon cher enfant ! toi quitter la paroisse, toi, délaisser la terre avec le bel avenir qu’elle te promet ! Mais ta vie est toute tracée ici, mon garçon. Que veux-tu faire à la ville ? travailler à te faire mourir ?

— J’ai une bonne santé et ne crains pas l’ouvrage.

— Si ce n’est que par amour du travail, l’ouvrage ne te manquera pas ici : ton bien est assez grand pour t’employer et au-delà.

— Oui, c’est vrai qu’il y a du travail, mais il n’y a que ça, jamais rien pour se récréer.

— Si tu savais, mon cher enfant ! comme on est vite ennuyé de ces plaisirs de la ville, qui souvent ne sont que des occasions de pécher. Oui, et en plus, il faut de l’argent pour se les procurer : pas un geste sans être obligé de donner le sou. Qu’y a-t-il de si réjouissant dans la ville ? Les théâtres ? Des lieux l’on risque de se fausser le jugement et de se troubler les sens, des endroits où l’on ne nous expose qu’une vie fictive qui nous fait détester la nôtre. En outre, mon jeune ami, laisser la terre de chez vous ! Mais y as-tu bien pensé ? La terre possédée par tes ancêtres et tous ceux