jours, nous trouvâmes de l’ouvrage sur la construction du chemin de fer dans Lorette et Saint Augustin. Le salaire était de vingt-cinq sous par jour. Tout l’été, nous ne mangeâmes que du pain et de la cassonade. Nous couchions dans les granges ; il fallait s’y rendre à la nuit, en cachette, comme des voleurs. Souvent, nous étions découverts et chassés comme des vagabonds malfaisants. À l’automne, l’entrepreneur leva le pied avec sa caisse. Je dus alors me louer pour deux piastres et la nourriture, chez un nommé Jobin, à condition de défricher un morceau de terre en broussailles. Puis, le capitaine Caron nous descendit, par charité, à bord de sa goélette, jusqu’à la Rivière du Loup. Nous n’avions à payer que notre mangeaille. De là, après avoir perdu mon chapeau, je dus me rendre à Trois-Pistoles, en pleine nuit, à pieds, par un temps de déluge. J’arrivai à la maison comme la famille se levait. Après avoir narré mon aventure, je déclarai : « À l’avenir, nous vivrons tous ici, ou nous crèverons ensemble ; les voyages, pour moi, c’est fini. » Et sur la terre, dans ce temps-là, nous n’étions pas outillés comme aujourd’hui ; tout se faisait à bras. Oui, vous pouvez le dire qu’Hubert est chanceux ; une terre entièrement défrichée, libre de dettes, pourvue de tous les instruments et de troupeaux de première classe. Eh bien, vous ne me croirez peut-être pas,
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