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la terre ancestrale

n’aimes pas la terre, tu n’aimes pas le bien de ta famille. Eh bien, tu n’as pas de cœur !

Le fils, buté, se taisait, sachant que toute réplique ne servirait qu’à augmenter le courroux de son père. Après un silence, le vieux continua :

— Ah malheur ! c’est bien dommage que ta sœur ne soit pas un homme et toi une femme ! nous n’aurions pas toute cette misère. N’est-ce pas Adèle ! tu ne la laisserais pas la terre toi ?

La jeune fille n’osait répondre ; elle approuvait son père, mais ne voulait pas accabler Hubert. Les deux femmes qui, seules avec le jeune homme, l’auraient imploré, se taisaient devant la colère du maître. Celui-ci, toujours écouté, espérant que cette fois encore la remontrance avait eu raison de son fils, lui parla doucement :

— Allons, mon garçon, rien n’est décidé, ce n’est qu’une chimère qui t’est passée par la tête ? Tu vas rester ici comme tous les tiens, et que cette histoire soit finie.

— Ma vocation est d’apprendre un métier, pour gagner ma vie dans la ville.

— Ah, c’est comme cela ; eh bien, je suis ton père et je t’ordonne de rester.

— Je ne suis plus un enfant, je suis majeur.

— Tonnerre ! pars donc malheureux, sans cœur ;