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la terre ancestrale

Puis quand les verres furent posés :

— Papa vous attend à la maison, monsieur Michaud ; venez avant qu’il vous arrive de la visite.

— Je chausse mes bottes et je te suis dans cinq minutes.

— Bonjour donc !

— Bonjour !

L’heureux jouvenceau arriva chez lui trop tard à son gré. Il eut aimé à jouir de l’embarras d’Adèle et de son fiancé ; car il faut vous dire que cette jeune fille possédait un cœur comme une autre et aussi un fiancé. C’était Paul Lavoie, un jeune marchand du village. Ce n’est pas le taquin de frère qui, par obligeance, se fût tourné le dos. Il se trouva donc déconfit en apercevant son futur beau-frère déjà rendu :

— Comment ! Paul ! tu es bien matinal aujourd’hui ; as-tu couché sur le perron ?

— Et toi donc ! tes visites sont déjà faites ; as-tu commencé hier au soir ?

— Dites-donc, vous deux, avez-vous fait votre jour de l’an ?

— As-tu fait le tien, toi ? rétorqua Adèle.

— Réponds-moi d’abord, curieuse !

— Indiscret toi-même ! occupe-toi donc de tes petites affaires ; c’est déjà trop pour tes forces, conseilla la sœur.