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la terre ancestrale

avait un but en passant les fêtes à la campagne. « Oui. songeait-il injustement, je suis ici toute l’année ; lui n’a qu’à y paraître deux jours pour être mieux reçu que moi. C’est ainsi qu’il en est quand on reste toujours dans son trou ; on ne peut pas s’exprimer, on n’a pas de manières. Mais prenons patience, je connais où est située Québec ».

Avec le jour de l’an, s’évanouirent les sottes appréhensions de l’amoureux. Ce matin là le soleil n’était pas haut, quand Hubert se présenta chez son voisin :

— Bonne année à tout le monde ! s’écria-t-il.

Le chef de la famille lui tendit la main :

— Bon, Hubert ! Bonjour mon garçon ! tu es le premier à nous la souhaiter. Qu’elle te soit propice comme toutes les autres. Viens prendre un verre ; le jour de l’an, c’est bien permis.

Les embrassades aussi sont permises ce jour-là, dans nos campagnes. Aussi il faut voir comme garçons et filles ne se font pas faute d’en profiter. Le jeune homme venait bien un peu dans cette intention, mais avec Jeanne, ce n’était pas comme avec une autre. Le père se détourna pour verser le vin, la mère s’activa à son poêle, et Jeanne se montra docile.

— À votre santé !

— À la tienne !