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la terre ancestrale

pris. La corde qu’elle voulait toucher et faire vibrer, elle n’avait pu la saisir. Cette fibre du cœur qui avait stimulé tant de générations était-elle donc absente chez le plus jeune de la race ? Non, l’enfant n’avait pas compris, ne pouvait pas comprendre, car il ne possédait pas le grand amour ; ou cet amour était enveloppé d’un épais cocon. Sans répondre aux questions de son fils, elle lui dit tristement :

— Je vais aller aider ta sœur, car cette pauvre enfant, malgré son grand courage, est à bout de forces.

Hubert devenu plus calme descendit saluer les assistants. Mais on ne pouvait lui faire fête ; malgré le bon vouloir de chacun, la conversation se traînait, languissante. On s’informait de la ville, mais bien peu, puisqu’on ne la connaissait pas. On ne lui racontait pas les faits divers, car dans la circonstance, ils paraissaient trop insignifiants. Aucun ne lui parlait de la culture, craignant que la chose ne l’intéressât plus. Personne n’osait l’entretenir du disparu, de crainte de blesser un coupable en lui rappelant sa faute. Les femmes parvenaient à dire des riens, plus entre elles qu’au nouveau venu. Le malaise imprégnait la maison. Hubert, dans le foyer des siens, se sentait seul, étranger ; il regrettait même sa triste mansarde de la ville. Ainsi se passa la journée.

Après le souper, Adèle qui, voulant se trouver seule