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la terre ancestrale

geuse, la résignation chrétienne, c’était la paix d’une conscience pure, le rappel à l’Au-delà : c’était le pardon. Comme son fils en lui-même l’appelait, elle lui mit doucement la main sur l’épaule :

— Viens mon petit garçon.

Il eut un sursaut, se leva vivement et regarda sa mère : une douce paix se répandit en lui.

La mère et son fils se retirèrent pour parler en secret de leurs peines. Hubert avait séché ses larmes. Quand il fut seul avec sa mère, elles recommencèrent à couler, mais moins cuisantes. La brave femme lui parlait doucement, lui racontait toute la tragédie. Le robuste gaillard devenu, dans sa détresse, faible comme un enfant, laissait le baume des paroles maternelles cicatriser les plaies de son cœur. C’était la femme maintenant qui, comme lorsqu’il était au berceau, se montrait forte pour lui. Avec son âme de chrétienne, elle trouvait des paroles qu’elle n’avait pas apprises mais qui sortaient toutes chaudes de son cœur.

— Maman, racontez-moi tout : comment le malheur est-il arrivé, a-t-il bien souffert ?

— Tu sais, mon enfant, quel homme était ton père : l’ouvrage ne lui a jamais fait peur. Il se croyait plus fort que ses chevaux, travaillait plus rudement qu’eux, pour les ménager. Se prétendant d’une constitution pouvant défier