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la terre ancestrale

— Es-tu bête ! N’en ai-je pas trouvé de l’ouvrage, moi ? Sois donc sans inquiétude sous ce rapport ; je t’en procurerai quand tu en voudras.

— Il y a un autre empêchement : tu sais que la terre de chez nous doit me revenir ; c’est un héritage appréciable. Toi, tu n’avais rien à attendre de tes parents, donc rien à risquer.

— Ta terre ! parles donc de ce qu’elle te vaut : elle te fait patauger dans la glaise détrempée et vivre comme un rat dans son trou.

— N’empêche que je laisserais là un gros morceau.

— Il faudra bien qu’un jour elle aille à quelqu’un : ton père ne la donnera pas aux étrangers, je suppose. Alors, tu n’auras qu’à la vendre. Tant mieux si elle vaut beaucoup. Si j’avais possédé, moi, quelques mille piastres quand j’ai quitté la maison, je vivrais aujourd’hui de mes rentes.

— Me vois-tu parler au père de vendre ? Il aimerait autant changer de religion.

— Imbécile ! il ne faut pas lui en souffler mot : tu risquerais d’être déshérité. Mais après sa mort, tu seras libre d’agir comme bon te semblera.

— Tout cela c’est bel et bon, mais il n’y aura jamais moyen de décider le père à me laisser partir.