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ils ne demandent le médecin du corps et celui de l’âme, que pour la dernière maladie. Le vieillard commençait à réaliser la gravité de son état ; il ne fut donc pas surpris mais plutôt soulagé par les propositions de sa femme. Le curé arriva sans retard ; Michaud l’avait déjà averti que Rioux avait peu de chances de s’en sauver.

— Voyons, mon bon Jean, que fais-tu ; vas-tu te mêler d’être malade, toi aussi ? Tu n’as pourtant pas l’habitude de suivre la mode.

— Ce n’est rien monsieur le curé, vous allez prier un peu pour moi, et ça va se passer… Vous savez, je n’ai pas le temps d’être malade et encore moins celui de partir.

Après s’être entretenu quelque temps avec toutes les personnes présentes, avoir badiné un peu pour remonter les courages, le vieux pasteur s’enferma avec son paroissien. Il eut avec lui une longue conversation. De retour dans la salle commune, il annonça qu’il reviendrait le lendemain matin administrer les sacrements. Jean Rioux, bien sermonné, paraissait résigné à tout. Sa femme et sa fille l’étaient moins ; la mort de leur protecteur leur semblait une catastrophe inconcevable.

Le lendemain, avant le jour, les enfants de Jean Rioux étaient rendus à son chevet. Durant la nuit, les fils du voisin étaient allés les avertir. Consternés, ils se