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la terre ancestrale

d’ouvrage sur nos terres.

Malgré ses bravades, le vieillard parlait avec difficulté ; sa respiration était haletante, ses dents s’entrechoquaient si fort qu’il pouvait à peine articuler les mots. Pendant ce temps, les femmes s’empressaient : tisanes brûlantes, flanelles chaudes, tout était mis en œuvre pour réchauffer le malade.

— Il faut absolument le faire suer, disait la mère Michaud.

Le vieux Pierre voulait aller chercher le médecin, mais ne savait pas comment convaincre son ami que le cas était urgent. Après quelques minutes de réflexion, il se décida :

— Écoutes Jean, on ne sait pas ce que tu peux avoir ; tu as peut-être mangé des plantes vénéneuses, car tu as l’habitude de toujours mâchonner un brin d’herbe quelconque. Si tu voulais dire comme moi, j’irais chercher le médecin ; nous sommes trop près pour risquer le pire comme cela, sans savoir s’il y a du danger.

— Voyons, vas-tu te mettre du côté des femmes, maintenant ? Tu sais bien que si j’étais frappé dangereusement je serais plus mal que je ne le suis. Je me sens seulement un peu oppressé et frileux, et j’ai quelques points dans la poitrine ; mais ça va se passer. Moi qui, de ma vie, n’ai jamais eu le médecin, s’il faut que je commence maintenant