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la terre ancestrale

— C’est de Samuel à Pierre, avec qui je revenais tantôt. Je lui parlais de l’automobile de Delphis, lui disant que peut-être un jour, Hubert arriverait avec une pareille. Là-dessus, il m’a dit qu’il dépensait tellement d’argent à boire qu’il ne lui en restait pas assez pour manger à sa satisfaction.

— Papa, vous savez qu’il ne faut pas croire tous les cancans qui se colportent.

La jeune fille, toute rouge de cette nouvelle blessure au cœur, et aussi d’avoir défendu son ancien fiancé, sortit comme pressée de finir quelqu’ouvrage.

— Ah bien, moi, ma fille, continua le père, je ne sais pas, je répète tout bonnement ce qu’on m’a dit. Seulement, je ne voudrais pas le raconter en dehors de la famille : ce pauvre Jean en a bien assez sur les épaules ; il se croit déshonoré. Bon, bien ! j’ai pu me procurer le morceau de faucheuse que j’ai cassé hier. À cette heure, il faut se préparer pour une bonne après-midi d’engrangement. En attendant le diner, je vais poser cette pièce de rechange à la faucheuse et commencer à couper le tour des clôtures, dans la pièce d’orge.

— Inutile de te tailler de l’ouvrage pour trois heures, avertit l’épouse, nous dinons dans quelques minutes. Les garçons vont finir de tourner la pièce du Rocher Carré et