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la terre ancestrale

che. Elle s’avise même de vouloir charger. Avec autant d’efforts qu’il en faudrait pour soulever un lourd fardeau, avec des cris, des exclamations, elle parvient à rendre dans la fourragère, tout juste une poignée de foin. Les quolibets, les taquineries, les bons mots, les éclats de rire, forment alors, autour de la voiture, un orchestre de flûtes vivantes. Cependant, le grand cousin, homme galant, en clignant de l’œil vers la rieuse fille, discrètement dispose pour elle de petits tas de fourrage solidement roulés. La jouvencelle, avec des cris vainqueurs, les soulève et les lance à la tête des « fouleuses ».

La charrette pleine, il faut descendre pour soulager la bête de trait. Malgré les hommes qui tendent leurs bras pour amortir la chute, ce n’est qu’après de grands cris de peur que les jeunes filles se laissent tomber en bas. Les plus espiègles se taisent, restent sur la charge et s’y creusent une cachette. Le cheval est alors forcé de se montrer bon prince comme ses maîtres.

Au repos du soir, après cette journée chaude, l’odeur des foins coupés embaume l’atmosphère. De la grange, pleine à craquer, les parfums du trèfle s’échappent par toutes les ouvertures. L’herbe, avec la nuit, s’imprègne de rosée. La chaleur plus humide, dégage mieux les senteurs du sol. Les fleurs prodiguent les suavités dont elles sont plus mes-