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la terre ancestrale

Observez-le : Le foin, doux à l’odorat, retenant encore un peu de sa couleur, verte, est disséminé par tas sur le champ. Des « veillottes » presque entières, enlevées par un bras musculeux, volent dans le chariot. Les enfants, joyeux « fouleurs », en reçoivent une partie sur la tête ; puis, avec des cris de joie, des rires perlés, se précipitent à l’escalade de la brassée suivante. Aussitôt, le chargeur avertit :

— Tenez-vous bien.

Pendant que la fourragère, avec son cheval la bouche pleine de brins d’herbe, se dirige vers une autre meule, les enfants se laissent tomber ou se culbutent sur la charge molle.

Quelquefois, les jeunes parents du village, pour se procurer une partie de plaisir, viennent « fouler » chez un oncle. C’est alors que les grands cousins chargent avec un perpétuel sourire sur la figure. Leurs sœurs, tout en riant, paraissent songer devant les joyeux ébats de leurs parentes : « Comme il faut que vous soyez naïves pour vous amuser à des riens. »

Souvent une grande fille, pour se montrer plus habile, plus garçonne que les autres, peut-être aussi pour se rapprocher du charmant cousin, s’arme d’un râteau de bois, suit le chargeur et ramasse les brindilles que laisse la four-