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campagne désolée et donner un dernier baiser aux héros transvaaliens : la grandeur et la plèbe, la lumière et l’ombre se confondent…

Sur ce cercueil fermé de la reine d’hier, nos martyrs, les Chénier, les deLorimier, les Cardinal, les Duquette, tendent la main aux Villebois-Mareuil, aux Dewet, aux Kruger, unis dans une même confraternité d’âme, dans un même amour de la patrie et de ses droits — dans la même haine des oppresseurs !…

Reine infortunée, le voilà tombé de tes mains, ce vain simulacre d’une apparente puissance, ce sceptre inutile, qui ne sut pas dompter tes sanguinaires vassaux. Ton front glacé ne sent plus le poids du diadème d’or qui le meurtrissait… Pourquoi troubler le repos de tes cendres N’es-tu pas lasse de tant de bruit, de tant de mensonge ? Faut-il que ces clameurs insensées viennent troubler cette grande paix à laquelle ton âme aspire depuis si longtemps !… Ces larmes, ces désespoirs de convention sauvent-ils les souverains de l’éternel oubli ?… Après avoir pleuré un an il faudra se réjouir une autre année pendant les fêtes du couronnement et boire force libations à la santé des nouveaux souverains.

Chaque élément retourne où tout doit redescendre :
L’air reprend la fumée et la terre la cendre ;
L’oubli reprend le nom !

Eux, les pasteurs du Transvaal, soldats obscurs sans blason et sans couronne, ils vivront !

Ô Victoria, tu fus esclave sous l’hermine ; ils restent libres sous les haillons. L’intérêt et la cupidité guet-