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UN BAPTÊME À LA CAMPAGNE



DES chevaux attelés à une lourde voiture piaffent d’impatience à la porte d’une jolie maisonnette blanche encadrée de vignes sauvages. L’or rougi des soleils automnals a teinté les feuilles ajourées, travaillées comme une broderie. Sur le fond pourpré de la dentelle se détachent des grappes d’un bleu sombre saupoudrées d’une fine poussière d’étamine, comme en laisse aux doigts l’aile diaprée du papillon. C’est le déjeuner d’adieu que Dame Nature offre à ses poètes aériens avant leur départ par grosses bandes pour ces climats lointains, « où la brise est plus douce, où fleurit l’oranger, dans un éternel printemps. »

Le village est en émoi : on sait que le ciel a visité les hôtes de la petite maisonnette et qu’un de ses anges est retenu captif dans la prison d’un berceau. On sait… Mais bah ! qu’est-ce qu’on ne sait pas dans un village où la moindre chose prend l’importance d’un événement.

Les commères s’interpellent d’une galerie à l’autre !

— Hein ! une voiture à deux chevaux, quelle extravagance !