LA NOUVELLE ANNÉE.
AN 1901 tombe lentement dans le grand sablier de
l’éternité, et sans regret l’on voit une partie de sa
vie s’engouffrer dans le néant du vide ! Ce que c’est
que de nous ! bien des impressions, des joies, des espérances,
des ambitions qui ont fait battre notre cœur
sont mortes à jamais, empoisonnées peut-être par la dernière
goutte de fiel qui a touché nos lèvres. Ainsi que les
molécules qui constituent notre chair se renouvellent
constamment, nos sentiments et nos idées subissent la transition
des ans : nous aimerons et nous penserons demain
différemment d’hier. Nos âmes pleines d’aspirations généreuses
se glaceront demain au contact du froid mortel de
l’égoïsme. Tel qui croyait à l’honneur, à la probité, maudira
tantôt l’humanité, et sourira amèrement à l’enthousiasme
des naïfs qui donnent leur sang et leurs rêves à