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bleu — blanc — rouge

dirent : Il y a à Andor une femme inspirée. Saül se déguisa donc, mit d’autres habits et s’en alla accompagné de deux hommes seulement ; il vint la nuit chez cette femme et lui dit : « Découvrez-moi l’avenir par l’esprit qui est en vous et faites paraître celui que je vous dirai. »

Cette femme lui répondit : « Vous savez tout ce qu’a fait Saül et de quelle manière il extermine les magiciens, pourquoi me tendez-vous un piège qui me ferait perdre la vie ? »

Saül lui jura sur le Seigneur qu’il ne lui serait fait aucun mal. La femme lui dit :

— Qui voulez-vous que je fasse venir ?

— Samuel !

À l’instant le prophète se dressa devant eux.

— Pourquoi venez vous troubler mon repos, dit l’ombre de Samuel à Saül, en me faisant venir ici ?

— Je suis dans une étrange extrémité : les Philistins me font la guerre, et Dien s’est retiré de moi. Il n’a pas voulu me répondre, ni par les prophètes, ni en songe, c’est pourquoi je vous ai fait évoquer afin que vous m’appreniez ce que je dois faire.

— Le Seigneur vous traitera comme je vous l’ai dit de sa part. Il déchirera votre royaume et l’arrachera d’entre vos mains pour le donner à David.

Saül épouvanté tomba la face contre terre.

Les empereurs, les pharaons, les édiles, les législateurs, les rois, tous hommes graves, avec poil au menton, s’inspirèrent de ce précédent biblique pour consulter qui les oracles, qui les sibylles, les pythouisses qui les augures, afin d’avoir le mot de la désespérante énigme : ce que nous garde l’avenir. On interrogea tour à tour la magie, l’astrologie, la sorcellerie, l’alchimie, la théosophie, le somnambulisme. En notre siècle de scepticisme, on a vu Napoléon, la superstitieuse Joséphine, réclamer audience