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LES VIEUX


À M. le Capitaine Chartrand.


IL marche à petit pas en se traînant les pieds, les yeux vagues, les joues creuses, le corps tordu comme un pommier, pauvre vieux. Ses vêtements semblent trop larges pour sa poitrine rétrécie. Souvent, il ôte ses lunettes dont il essuie les verres avec un mouchoir rouge ; il s’imagine en enlever cette buée qui chaque jour, de plus en plus, descend sur les objets familiers à sa vue. Et de ses yeux clignotants, il interroge l’horizon : « Le vent est sorouais, » diagnostique-t-il sentencieusement. Et comme six heures sonnent, sans plus se hâter que l’ombre du midi, il rentre chez lui, où il Variante orthographique de s’accagnarde au coin du feu, en attendant la soupe. Les pieds dans le fourneau du poêle, les coudes aux genoux, il pipette sans trêve suivant les allées et venues de sa belle-fille qui prépare le repas rageusement,