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marcher pour Papa ! Fais trois grands pas comme ce matin.

Et posant sur le sol les petons hésitants de l’enfant, elle se met à le suivre, marchant de son pas incertain, riant de son rire étonné. Et le cher amour avance son pied mignon en tremblant, lève bien haut sa petite jambe, si faible qu’un souffle de papillon peut le taire tomber. Impatient, pourtant, comme un oiseau qui commence à battre l’aile au bord du nid, il fait un pas, puis deux… puis… Il vient tomber radieux dans les bras de son père, qui le guette. Le regard du laboureur va de la mère à l’enfant. Et pour cacher son émotion, deux fois il fait tournoyer le bambin au bout de ses poignets vigoureux.

Sur tout cela, tombent des lueurs de soleil mourant et les clartés blanches de la lune qui monte à l’horizon J’emplis mon œil de la douceur de ce tableau avec une envie de crier à ces heureux : Laissez croître la clôture de cèdre parfumée autour du potager et tâchez de garder le bonheur prisonnier dans votre cage de verdure !