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faites-lui de brûlantes déclarations, laissez échapper de votre âme des confidences qui la soulagent…

Mais le jour tombe, rentrez vos ailes, revenez mettre votre cou dans le carcan. Les pique niqueurs désertent la montagne. Tous semblent s’arracher comme à regret, les jambes rompues pourtant, mais l’âme rajeunie et retrempée dans un bain de soleil.

Un bruit de vaisselle, des pleurs d’enfants qui ont sommeil. Le petit bataillon n’est pas aussi brillant, aussi bien astiqué que ce matin, quelques pantalons ont des accrocs, une fillette a perdu son chapeau : Prends moi Papa ! — Et moi aussi… Et, les voilà s’agrappant après le pauvre homme qui n’en peut mais… Hi, hi… maman, j’ai mal au… cœur…

Si vous êtes célibataire, vous vous félicitez de n’avoir que vous à voiturer et…

Pourtant, si vous l’aviez vu ce père, jouer à la balle, à saute-mouton avec ses enfants, dîner avec eux sur l’herbe, se faire petit, pour les amuser, se laisser tatouiller par bébé, et rire aux larmes de son joli gazouillis ! Comme vous auriez souffert de votre solitude, car il n’est rien de plus triste que de toujours penser seul, et d’écouter les battements de son cœur tomber dans le vide.