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criez lui votre abandon, vos doutes, vos soupçons, vos embarras etc. Le ciel ne reste jamais sourd à qui l’implore : une paix divine en descendra ! Vous vous relèverez plus courageux pour gravir le calvaire de la vie. Ainsi soit-il.

« Mon bon monsieur Rustaud
Vous êtes tout penaud…

Je vous entends soupirer :

— « Mais, je ne me plains pas, moi… je suis aussi innocent que l’agneau de LaFontaine. En quoi, ai-je troublé l’onde où vous vous désaltérez ? »

— Tant pis, il me fallait une victime, pour expier les crimes d’Israël et je vous ai trouvé sous ma main !

Mais de vous avoir fait gober ce sermon, ça vaut bien une compensation. Causons, je suis à vous…

M. Cyrille Trudeau a fort bien traduit mon sentiment à l’égard des blouses. Elles sont rafraîchissantes, ce qui est un mérite par ces temps de chaleur tropicale. J’y vois un acheminement vers l’égalité sociale, rêvée par les grands philanthropes modernes. L’uniformité d’habits, entre le bourgeois, l’ouvrier et le capitaliste, amènera peut-être l’uniformité des sentiments : la fraternité universelle…

Et, comme je suis évolutionniste, n’en déplaise à Mgr Bond, je vois avec un indicible plaisir l’homme se faire une ambition de ressembler à la femme. Allons, nous sommes en voie de progrès. Hier, la suppression des moustaches, aujourd’hui l’avènement de la blouse, demain, le triomphe de la jupe !… Dame, il faut aller de l’avant ! Blouse, comme noblesse, oblige : l’homme perdra ses brutalités, sa grosse voix, ses jurons, sa chique de tabac, ses dents de chinois, son haleine alcoolisée… pour acquérir une délicatesse, une douceur, une sobriété toutes féminines : La pomme perdit le monde, la blouse le sauvera.