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LE FORGERON DE THALHEIM

l’invitation de sa mère. Car, enfin, bien que notre cœur soit en sûreté dans le sein de cette femme adorable qui nous a donné ses meilleurs sourires et ses larmes les plus précieuses, on éprouve toujours, à cet âge où était Robert, un réel embarras d’avouer un profond amour. Et le forgeron se trouvait malheureusement dans cette délicate situation.

— Voyons, mon fils, tu ne me dis pas comment cela est venu !

Il hésitait, en dépit du proverbe : Il n’y a que le premier pas qui coûte. Ce matin-là, la mère Käthel l’avait de nouveau pris à l’écart et de sa voix la plus tendre, la plus persuasive, elle avait déployé toute son éloquence pour lui faire entendre que ses bras, à la longue, se fatiguaient à diriger le ménage, qu’il lui serait très agréable d’avoir auprès d’elle une bru charmante, aimant son cher Robert comme il le méritait et éparpillant dans la maison des éclats de gaieté, et dans sa vie à lui un immense bonheur. Ainsi mis en demeure de se déclarer, le pauvre garçon, que son affection pour Suzanne Teppen attristait, avait balbutié, avait rougi sous le regard perçant et singulièrement insinuant de sa bonne femme de mère.