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LE FORGERON DE THALHEIM

de l’appeler : mon mari. Les yeux de Robert avaient des reflets bleuâtres d’une agréable et rêveuse douceur.

Et il s’en allait ainsi, seul dans cette belle journée de soleil, la tête penchée, comme si les pensées qui occupaient son esprit l’eussent complètement absorbé. Il songeait à ce que sa mère venait de lui dire et souriait tranquillement de sa singulière méprise. Non, il n’aimait pas Georgette, et, en s’avouant cela, une émotion profonde le faisait tressaillir, car il pensait à Suzanne.

En passant près de la tuilerie, il aperçut, non sans surprise, le forestier Otto Stramm causant devant la porte avec Joseph Teppen. Robert pâlit, mais, instantanément, sa figure se rasséréna à la vue de Suzanne, dont la fine et gracieuse silhouette se profilait sur le bord de l’étang par où son chemin le conduisait. Rapidement il hâta le pas comme s’il avait voulu éviter le regard curieux que le forestier lui lança. Il le retrouverait donc partout, l’adversaire heureux, à la mine quasi insolente ?

De loin Suzanne avait reconnu le forgeron. Une adorable rougeur, telle que l’astre du jour à son coucher en met sur les roses pâlis-