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LE FORGERON DE THALHEIM

— Explique-toi plus clairement.

— Voici : J’aime Suzanne, cela est certain ; elle m’aime, je n’en doute pas. Mais il y a autre chose que je sais aussi : c’est le refus avec lequel le père Teppen te reçut, lorsque, il y a six mois, tu te présentas chez eux pour ce motif-là. Je ne t’en ai rien dit, mère, mais j’ai bien souffert. Teppen est un orgueilleux, il faut que son orgueil soit brisé…

— Ta ! ta ! ta ! Tu déraisonnes, mon gars. Joseph Teppen est riche ; on peut lui pardonner quelques défauts. Toi-même, tu n’es pas la perfection incarnée.

Elle ne le croyait pas, au moins, ce qu’elle affirmait ainsi, relativement à son fils.

— Je le regrette, mère, avait répondu Robert. Mais, j’ai aussi mon honneur à moi. Il m’a refusé Suzanne. Qui te dit qu’il ne me la refuserait pas encore une fois ? Et puis, vois-tu, ajouta-t-il, le tuilier s’imaginerait que nous voulons conclure ce mariage hâtivement, pendant que tout sentiment de reconnaissance n’est pas tout à fait éteint en lui. Or, je ne veux pas cela.

— Quelles idées singulières tu as cependant ! murmura la mère, ne sachant pas si elle devait admirer ou plaindre son Robert.