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le forgeron de thalheim

portait des nouvelles de sa Georgette, dont l’existence pouvait encore s’écouler, sinon heureuse, du moins tranquille.

On était ainsi arrivé à la fin du mois de mars, en certaines années très rigoureux dans le pays. La neige couvrait encore les hauteurs voisines et la grande plaine. Janvier et février n’avaient eu que du soleil et un temps doux. On expiait froidement ces beaux jours.

Cependant, le vent du sud commençait à souffler. Il descendait des forêts, passait sur le village et courait au nord, où il rencontrait les Vosges, toutes blanches au fond de l’horizon. C’était un coup d’œil magnifique quand le soleil printanier dorait le soir le sommet des montagnes lointaines, étincelantes comme des diamants à ces lueurs crépusculaires. On sentait dans l’air le retour de la vie, les visages des campagnards retrouvaient leurs sourires, et, sous la neige que fondait la brise tiède, apparaissaient çà et là les petites pâquerettes aux pétales blancs veinés de rouge. Le ruisseau de Thalheim avait des allures de torrent et, derrière la tuilerie, l’étang s’enflait d’une manière inquiétante.

Robert était toujours le même, ni plus gai, ni plus désolé. Cependant, il désirait le re-