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LE FORGERON DE THALHEIM

— Certainement, disaient les plus simples, ceci ne présage rien de bon.

Ils ne croyaient pas si bien prophétiser.

Robert Feller, sans qu’il voulût d’abord s’en expliquer la raison, ne fut rien moins que satisfait de la présence d’Otto Stramm à Thalheim. Il en éprouva comme une sourde colère contre l’Allemand, colère qu’il ne pouvait justifier, mais qu’il eut le sage esprit de ne point laisser aussitôt deviner. Pressentait-il un danger ? Ou bien songeait-il à Suzanne Teppen et à l’incertitude où flottait son amour ? Il n’aurait su que répondre.

Sa mère, cependant, l’observait. Il lui sembla que le front de son fils était tourmenté et que sa tristesse, au lieu de disparaître, prenait encore un caractère plus âpre. Elle s’en inquiéta. Aussi, le dimanche suivant, au moment où Robert allait s’éloigner, selon son habitude, la mère lui dit :

— Robert, qu’as-tu ? Je te trouve changé.

— Ah ! mère, je t’assure que je n’ai absolument rien.

— Hum ! Est-ce bien vrai ? Ne me caches-tu pas quelque chose, un doux secret peut-être ?

— Ton affection pour moi s’effarouche inu-