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le forgeron de thalheim

fluence sur l’amour que Suzanne avait voué au fils de la veuve.

La présence de Georgette à la tuilerie avait sensiblement modifié l’existence de Suzanne. Comme la fille de Jean Schweizerl maniait l’aiguille ou le crochet avec habileté — un don naturel — elle avait su aussitôt se rendre agréable en exécutant maints travaux délicats ; le tuilier lui-même, quand il rentrait de ses courses, mettait avec plaisir les pantoufles qu’avaient brodées les mains de la pauvrette.

Souvent, durant ces jours, d’hiver, lorsque la neige tourbillonnait dans les espaces gris, que le froid dessinait aux vitres de la fenêtre ses folles végétations de glace, les deux jeunes filles, pelotonnées dans un coin de la chambre à l’air attiédi, près du grand poêle en terre cuite brillante, causaient à voix basse d’un sujet qui revenait volontiers sur leurs lèvres. Elles parlaient aussi de Robert, dont l’une et l’autre ne se lassaient pas d’admirer le noble caractère et la belle conduite. C’était une douce consolation pour Suzanne, qui ne pouvait éloigner de son jeune cœur l’image du forgeron.

Pendant les premiers mois de son séjour à la tuilerie, Georgette allait quelquefois dire