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le forgeron de thalheim

— On ne peut rien prévoir. Un bon garçon oublie volontiers un instant de faiblesse.

— Ce serait mon seul et dernier désir

Au revoir donc, mon jeune ami.

— Au revoir. Je reviendrai bientôt.

Et, tandis que Jean Schweizerl était conduit dans la cellule qu’avait occupée Robert une nuit seulement, le forgeron, doucement ému à la pensée qu’on l’accueillerait, les bras ouverts à Thalheim, sortit de la triste maison et gagna la grande route qui suivait la lisière d’une vaste forêt de hêtres.

Bien que la saison ne se prêtât point aux splendeurs de la nature, Robert, seul avec lui-même, ses souvenirs et ses espérances, n’en admirait pas moins l’horizon qui s’offrait à ses regards. La bise du matin était tombée ; il faisait un temps sec, profondément tranquille ; le soleil épandait ses rayons dans les espaces bleus et semblait prendre plaisir à colorer de mille couleurs les aiguilles de glace suspendues aux ramilles des arbres et des buissons. De temps en temps une voiture le dépassait, roulant sans bruit sur le sol couvert de neige ; si un piéton le rencontrait, il répondait gaîment à son salut, car il allait revoir Suzanne, sa chère Suzanne, et cette