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le forgeron de thalheim

pas au malheur de ma Georgette, de ma fille. Il faut qu’il meure, alors. Je le mets en joue, il est au bout de mon fusil, je presse la détente, le coup part et il tombe : j’avais visé au cœur. J’ai été soldat en Afrique. A cinquante pas, je suis sûr de ma balle. Sans savoir peut-être ce que je faisais, je jette mon fusil au fond de la mare. La justice l’a découvert facilement, paraît-il, puisque le voilà.

Hier, vers trois heures, je suis descendu au village où l’on m’a annoncé l’arrestation de Robert. Il aurait pu m’accuser, car il avait des raisons pour soupçonner le vrai coupable ; je crois même qu’il n’a pas été longtemps sans remarquer la disparition de son fusil.

N’est-ce pas, Robert, que c’est pour cela que tu es allé, le soir, bien tard, jusqu’à la Ravine ? Tu espérais me trouver là et m’empêcher d’exécuter ce que j’avais résolu.

Enfin, monsieur le juge, ce matin, après avoir pris quelques dispositions au sujet de ma fille, je me suis mis en route, et me voici. Je vous dis donc : Faites-moi arrêter et rendez mon jeune ami à la liberté.

Robert tendit la main à Jean Schweizerl : il n’y avait rien à répondre à cela.