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le forgeron de thalheim

ne serait pas entretenue et soignée pour l’amour de Dieu.

La mère et la fille se récrièrent, elles ne l’entendaient pas ainsi, et le tuilier, pour brusquer cette entrevue, déclara céder aux instances de sa femme et de son enfant.

Et le bûcheron Jean, comme le soir précédent, s’en alla du côté de la Ravine, à travers la nuit qui tombait, ayant, avant de quitter la tuilerie, dit deux mots à Suzanne qui partit aussitôt, mais à l’insu de son père, pour la forge de Robert Feller.

Ah ! qu’elle était froide et brumeuse, cette nuit de novembre, pour le meurtrier d’Otto Stramm ! Il était seul désormais. Encore quelques heures, et le monde, pour lui, n’existerait plus. Quatre murs pour tout son univers. Il mourrait bientôt, car il fallait à sa nature, les vastes horizons, la liberté des grands bois, les fraîcheurs printanières et l’éternel gazouillis des oiseaux. Et, le lendemain, il n’osait y songer sans, frémir, se refermeraient sur lui les portes d’une prison, ces portes sombres et tristes où l’on pourrait écrire ce célèbre vers du Dante :

Vous qui entrez ici, laissez toute espérance.