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LE FORGERON DE THALHEIM

Son caractère était si bon, si foncièrement honnête. Robert était vraiment incapable de franchir les limites tracées par la conscience et par la loi. — Mais il aime Suzanne, disait la voix du doute. Il était jaloux du forestier. Il a passé une partie de la nuit dehors. Que sait-on ? Ils se sont peut-être rencontrés ; ou bien Robert, ne pouvant plus se dominer, se sera laissé entraîner par une passion aveugle, une colère vengeresse. L’homme, le meilleur, n’est pas toujours sûr de lui. Il y a pour tous un moment pénible, critique, qui fait de nous des criminels ou des héros. Ton fils est tombé, voilà tout.

Et cette mère pleurait toutes les larmes de ses yeux presque éteints, seule dans le logis où elle avait souffert, aimé, et souffrait encore par ce jour d’hiver, le plus désolé de sa vie. Thomas, l’ouvrier, était au village, à la quête de nouvelles.

La bonne femme était littéralement anéantie par ce coup du sort. Elle ne savait, comme on dit, à quel saint se vouer. Son fils, son fils en prison ! Toute son existence gâtée, empoisonnée ! Ah ! quel poignant malheur pour elle, pour Robert et pour Suzanne ! Oubliés les beaux projets d’un avenir clair ; détruite la