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le forgeron de thalheim

celle du remords peut-être, s’arrêtant de temps à autre au pied d’un vieux hêtre, contre lequel il s’appuyait. Puis, reposé, il se remettait à marcher, toujours sans but, ne murmurant que des paroles entrecoupées, imprécations ou cris d’angoisse. Ah ! l’aimait-il, sa fille ! Sur elle, il avait reporté toute l’affection qu’il avait éprouvée jadis pour sa femme et les enfants qu’elle lui avait donnés, et qui étaient morts à présent. Et voilà où son existence, son dévouement perpétuel, avait abouti. Il n’avait fallu que l’arrivée d’un être odieux pour détruire le repos de sa vieillesse, la joie de ses regards et le bonheur de son cœur de père. Tout était anéanti !

Et pourtant il leur eût été si facile de vivre leurs jours sans trop grands soucis. Ils passaient des moments délicieux dans ces bois, aux muettes profondeurs, pendant les chaleurs de l’été. Au printemps et en automne, tout leur souriait. Ils se contentaient de si peu. Leurs goûts étaient si simples. Et, avec cela, Georgette ne manquerait sans doute pas de rencontrer un honnête garçon qui la rendrait heureuse. Alors, ce père, au désespoir que lui causait la perte de ce bel avenir qu’il avait rêvé pour sa Georgette, ce père sentait