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le forgeron de thalheim

eût renvoyé sans doute la Mort, à l’instar du bûcheron de La Fontaine, si le visage grimaçant de notre vieille ennemie se fût présenté à ses regards éperdus.

— Il est tard, je vous laisse. Bonsoir, mère Käthel.

Robert l’accompagna jusque sur le pas de la porte ; en le quittant, il lui serra la main et :

— À bientôt ! dit-il, Dimanche vous me verrez à la Ravine. Bonsoir !

— La nuit sera froide. Bonsoir, Robert !

Et le forgeron rejoignit sa mère.

Jean Schweizerl, dès qu’il se vit seul, se glissa derrière la forge, où il prit vivement un objet qui était sous des fagots empilés contre le mur. C’était le fusil de Robert que le bûcheron, pendant l’absence de son jeune ami, avait caché là à toute éventualité. Il aurait toujours eu le courage d’avouer ses intentions si Otto Stramm eût manifesté le moindre désir honnête à l’égard de Georgette ; mais le forestier venait de signer sa condamnation par son refus brutal et cynique.

Une fois en possession de l’arme que Robert avait chargée, Jean se dirigea à travers les vergers et quelques champs cultivés,