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LE FORGERON DE THALHEIM

en deux tresses soyeuses, elle aspirait avec volupté le parfum des roses dans leur grand jardin ! Une page de printemps à inspirer un maître, une figure d’enfant naïve à faire sourire un Greuze. C’était bien la blonde Alsacienne, naturellement simple, avec les profonds regards de ses yeux bons, aux cils châtains, frangeant sur une peau veloutée, légèrement transparente.

Mais aussi, comme Joseph Teppen était fier de son enfant ! Et il le pouvait bien, car on le serait à moins. Quant à Suzanne, elle ignorait certainement les charmes de ses vingt ans, tant elle mettait de bonne grâce dans ses relations avec tout le monde. Levée à la pointe du jour, aux chants des oiseaux, disait son père, elle s’amusait un instant à écouter les douces mélodies qui la réveillaient ; puis ses cheveux lissés et lustrés, son joli minois baigné dans l’eau fraîche, elle descendait lestement de sa chambrette et s’en allait vaquer, à côté de sa mère, aux soins du ménage. On lui laissait complète liberté dans le choix de ses occupations journalières. Mais Suzanne était une excellente pâte de fille, ayant déjà, à son âge, une notion vraie de la vie et de ses besoins, et possédant assez de caractère,