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le forgeron de thalheim

difficultés, ayant assez de perspicacité pour comprendre que le caractère de Suzanne était de ceux que la résistance fortifie au lieu d’assouplir.


ix


Jean Schweizerl s’inquiétait de plus en plus de la singulière conduite de Georgette. Jadis une enfant gaie, toute au plaisir de vivre, sans beaucoup de soucis, travaillant à ses heures, chantant dans les bois d’une voix à faire envie aux rossignols, folâtrant volontiers dans les hautes herbes des jeunes taillis, quand, les dimanches ou pendant les autres jours de la semaine, le père et la fille allaient à la cueillette des fraises ou des framboises, délicieusement rougies par les caresses du soleil ; ne perdant pas son temps à rêver, seule, assise au coin du foyer ; tricotant habilement et brodant de même, lorsque l’état de la bourse autorisait quelques dépenses ; enfin, ayant souvent le rire aux lèvres et des joies dans son clair regard, sans parler de ses joues qui, de temps en temps, se colo-