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le forgeron de thalheim

— Quoi, mademoiselle, vous daignez venir me… ?

— Mon père m’a informée que vous aviez quelque chose à me dire.

— Ah !

Et un sourire plein de fatuité passa sur ses lèvres. Il se redressa, et, d’un ton caressant :

— Oui, charmante enfant, j’ai beaucoup de choses à vous apprendre, commença-t-il. La première fois que je vous ai vue, j’ai compris que ma vie avait un but : vous aimer et être aimé de vous. Combien je bénirais l’heure où j’arrivai dans ce modeste village, si votre cœur répondait aux battements du mien, si l’amour que j’éprouve pour vous était payé de retour ! Voyez, pour cette destinée, je sacrifierais ma carrière, je viendrais, si vos parents le désirent, m’établir ici, auprès d’eux, afin qu’ils eussent le plaisir de voir toujours leur Suzanne bien-aimée.

Mademoiselle, je vous en prie, un mot, un seul mot de vos lèvres, et vous aurez devant vous le mortelle plus heureux de la terre.

Oh ! Suzanne, ajouta-t-il aussitôt, si votre âme n’a pas encore trouvé la mienne, si mes paroles n’évoquent pas en vous les