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le forgeron de thalheim

oublié le chemin de la maisonnette. Georgette s’en aperçut aussitôt. D’abord elle ne voulut pas croire à son abandon ; puis, peu à peu, l’incertitude la troubla et la conscience de sa faute mit sur ses joues cette pâleur changeante que Jean Schweizerl ne pouvait pas s’expliquer.

Comme un profond accablement s’empara d’elle. Des frayeurs subites la tourmentèrent. Elle n’osait interroger l’avenir.

Le mariage ? Quelle jeune fille, dans cette situation, n’y a pas rêvé ? Mais Georgette, à travers les déclarations sentimentales de l’Allemand, avait deviné un gros fond d’égoïsme chez l’homme qu’elle aimait. Elle comprit qu’il ne l’épouserait pas. Otto Stramm ne gagnait rien à être connu. Il ressemblait un peu à ces beaux fruits dorés, appétissants, au sein desquels se trouve un ver rongeur. Pour s’en apercevoir, il faut les ouvrir. De même, pour juger le forestier, il était nécessaire de vivre quelque temps avec lui.

C’est toujours la même histoire, et, aussi longtemps que le monde sera monde et habité par l’homme et la femme, cette histoire se répétera. Georgette s’était donné un maître. Bien mieux. Pour le conserver, elle sen-